Une lettre destinée à toi, la mère trentenaire *
{J'ai trouvé ce texte de la blogueuse Catherine Dietrich, traduit sur un site (ultramignon.com). Catherine Dietrich c'est elle qui est derrière le blog "Littles, Love and Sunshine". Elle se sert de cette tribune pour partager toutes sortes de choses qui la passionnent, mais également des expériences qu'elle vit au quotidien en tant que maman...
J'ai eu envie de le partager dans mon blog, tellement je me suis retrouvée dans ce texte.
Il y a parfois des moments de maman qui sont "difficiles" (quand je suis crevée de la nuit où Merveille s'est "un peu plus" réveillée que d'habitude, que j'ai pas eu le temps de prendre mon café, me suis pas douchée, le déjeuner de Merveille traîne en longueur depuis 1h et je crains de passer 30-45 minutes à coucher Merveille pour une sieste qui risque de durer le même temps). Même si j'adore ma vie de maman, j'adore tellement passer du temps avec Merveille, il arrive, oui, des fois, que je sois épuisée !! Alors si ça vous arrive vous aussi parfois, je vous conseille de vous asseoir 5 minutes, avec un pti café et de lire cet article. Rien de mieux pour se requinquer, rire, et se dire que oui, finalement, j'ai envie de passer 45 minutes à endormir Merveille, pour profiter de ces moments de câlins et de tendresse avec elle, parce que dans quelques année, Merveille n'aura plus besoin de moi pour s'endormir, et ça me manquera !}
"Chères mères trentenaires,
Je vous croise à l'épicerie, au terrain de jeux. Je vous vois dans la cour d'école déposer vos enfants, je vous vois dans les transports en commun et dans les restaurants où les enfants sont les bienvenus. Parfois, vous me voyez également et nous échangeons un sourire, un regard, un "Je comprends ce que tu vis". La plupart du temps vous ne me voyez pas, car vous courez après votre bambin qui se sauve à travers les allées, vous surveillez votre enfant en âge préscolaire grimpez un peu trop haut à votre goût, vous chicanez votre enfant qui vient de pincer sa soeur ou son frère, vous cherchez désespérément une lingette, vous essuyez une boisson renversée.
Il y a quelques jours, j'étais à la piscine municipale. S'il y a quelque chose qui résume la vie d'une maman dans la trentaine, c'est bien la piscine municipale. Tout est là : les stéréotypes que nous nous étions jurés que nous ne serions pas, i.e. avoir de l'eau jusqu'aux genoux dans la pataugeoire et n'avoir d'yeux que pour notre enfant et nous émerveiller de ses moindres mouvements, même les plus anodins. Même si nous y sommes avec quelqu'un ou en groupe, nos conversations sont constamment interrompues, impossible de relaxer. Notre attention est centrée sur notre tout-petit. Nous sommes fatiguées. Nous sommes distraites. Caché sous notre tankini, notre corps arbore les signes de la maternité et il n'est plus ce qu'il était.
Au loin, nous apercevons les jeunes filles dans la vingtaine. Elles lisent leurs magazines, discutent avec leurs amies, naviguent sur Facebook et prennent des selfies à l'aide de leur nouveau iPhone. Elles sont reposées. Elles ont le corps ferme. Elles ne se soucient pas de ce que l'avenir leur réserve. Elles ne nous voient même pas. Ou si elles nous voient, elles se jurent qu'elles ne seront jamais comme nous.
C'est correct. Il n'y a pas si longtemps nous étions à leur place et nous avons mieux à faire que de nous offenser pour si peu.
Vous voyez, la vérité c'est que nous, les trentenaires, nous nous sommes laissées aller. Non. Nous nous sommes oubliées en cours de route. Nous avons de jeunes enfants et, pour quelques temps, nous ne passons plus en premier. Nous allons dormir (ou pas) selon l'horaire de notre bambin et/ou nouveau-né et/ou une combinaison de tout ce qui précède. Nos cheveux ne seront pas lavés aussi souvent que nous le désirons. Sit-ups?? Qu'est-ce que c'est des sit-ups? Nous allons essuyer des nez qui coulent, des fesses et des dégâts sur les murs. Nous avons l'impression de cuisiner du matin au soir et nous ne quittons pas la table avant qu'une bouchée de petits pois soit avalée. Nous allons passer des heures à genoux sur le bord du bain pour ensuite lire juste une autre histoire avant de se coucher jusqu'à ce que nous nous endormons sur le bord du lit de nos enfants. Nous connaissons toutes les expressions de la Pat Patrouille, Princesse Sofia, Peppa Pig et Docteur La Peluche et nous n'hésitons pas à utiliser ces personnages pour menacer, acheter ou occuper nos enfants le temps d'aller prendre rapidement une douche. Nous nous retrouvons à négocier avec des petits hauts comme trois pommes même si nous nous étions jurées de ne jamais le faire. Nous allons répondre à "Prendre", "Encore" et "Je ne veux pas" et nous répondrons "Quel est le mot magique?" plus de fois dans une journée que nous le croyions humainement possible. C'est la trentaine. Ce n'est pas facile et c'est la vérité.
Mais il y a également une autre vérité. Au loin, derrière les jeunes filles dans la vingtaine, il y a les femmes dans la quarantaine. Elles aussi, elles sont reposées. Elles ont le corps ferme. Elles sont seules, occupées à lire un livre. Elles nous voient et elles sont compatissantes, mais également un peu triste. Elles sont passées par là, elles ont fait les mêmes choses que nous et elles savent que ça ne dure pas éternellement. Les filles, la quarantaine c'est le Saint Graal. La quarantaine s'en vient.
La décennie où nous reprenons possession de notre corps.
Je ne souhaite pas faire avancer le temps. Par contre, la trentaine c'est une sorte de chaos, mais également une sorte de magie. Je ne sentirai plus une petite joue pleine de bave sur ma poitrine au milieu de la nuit. Des petits bras tendus vers moi après être tombé. L'odeur de bébé, les petits jeans et les petits souliers à paillettes. Les tours de trottinette et les barres à singe et les histoires avant d'aller au lit avec un petit être blotti dans chacun de nos bras. Entendre "Je veux maman", "Pourrais-tu m'aider SVP?" et "Je veux te donner un câlin".
Oui la quarantaine arrive et ce sera incroyable. Mais ne la laisser pas arriver trop rapidement. Si je dois m'oublier le temps d'une décennie, la maternité est certainement la meilleure des causes.
Tendrement,
Catherine"
*Titre original : "To the Thirtysomething Mums "